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Formes de mobilisation et épreuves juridiques autour des OGM en France et Europe

Construction et mise en œuvre d'un observatoire sociologique informatisé (OBSOGM)

Financement : ANR (appel d'offres OGM 2006)
Période : Septembre 2006 - Novembre 2010
Coordinateur : Francis Chateauraynaud (EHESS-GSPR)
Partenaires :  Marie-Angèle Hermitte (Paris I-CNRS, UMR de Droit Comparé)
Chargés de l'étude : Antoine de Raymond (01.10.2007 / 30.09.2008) et Gilles Tétart (01.10.2008 / 31.07.2010)

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Depuis le début des années 1990, le dossier des OGM occupe une des premières places dans la hiérarchie des objets d'alertes et de controverses. L'accumulation d'événements, d'études, de mobilisations, de débats publics et de décisions a engendré une masse documentaire considérable face à laquelle il est de plus en plus difficile d'apprécier la portée de chaque nouvelle contribution, qu'il s'agisse de tentative de synthèse, de nouvelle expertise ou de production de nouveaux arguments. En prenant appui sur une longue expérience de traitement de grands dossiers d'alertes et de risques, on se propose de reconstruire le corpus des OGM, en français et en anglais, et d'organiser son suivi pour les années futures, de façon à permettre une meilleure lisibilité des rapports de forces, des jeux d'acteurs et d'arguments. Il s'agit à la fois de permettre de relire les séries passées, de caractériser adéquatement la configuration présente et de discerner les potentialités futures. Pour y parvenir on aura recours à des instruments spécifiques, nés au cœur de la sociologie pragmatique, et permettant la description et l'analyse de grands dossiers complexes, marqués par la pluralité des auteurs-acteurs, la prolifération des arènes et des événements, et partant par une forte incertitude quant à leurs développements futurs. A travers les logiciels Prospéro et Marlowe, on comparera utilement le cas des OGM à d'autres grands dossiers, comme les pesticides, la vache folle, la grippe aviaire, l'amiante, le nucléaire, ou encore les nanotechnologies. Trois lignes problématiques principales serviront de fil conducteur pour bien saisir ce qui est à l'œuvre dans le dossier des OGM : on s'intéressera en premier lieu à l'évolution des formes de protestation, ce dossier ayant fonctionné comme un véritable laboratoire en monde ouvert pour le retour de la critique et de l'action radicale ; à un second niveau, on regardera comment opère la pluralité des formes juridiques et des arènes judiciaires auxquelles ont recours les protagonistes ; enfin, on examinera les ressorts de la dimension cosmopolitique de ce dossier en vertu de laquelle de multiples localités se trouvent mises en réseau et plongées dans un espace de mobilisation globalisé tout en posant de sérieux problèmes de cadrage national. Ces trois fils permettront de saisir à la fois les contraintes qui pèsent sur les différents acteurs et les doctrines qu'ils développent sur les différents aspects du dossier, qu'il s'agisse de l'usage du principe de précaution ou des grands thèmes écologiques, des modèles de production agricole et de consommation, de philosophie de la biologie ou de droit du vivant, des enjeux économiques et des rapports de force politiques, des formes de démocratie ou du rôle de la recherche et de l'expertise. A travers la mise en commun des corpus et des outils d'analyse, les trois laboratoires partenaires (le GSPR, TSV et le CENJ) croiseront des compétences issues de plusieurs disciplines : seront convoqués en effet tour à tour la sociologie, la science politique, l'économie, le droit, les sciences de l'environnement et l'informatique. Le produit principal de cette recherche collective sera non seulement un important corpus, directement consultable via des outils informatisés de haut niveau, mais aussi un espace coopératif permettant à de multiples interlocuteurs de lancer de nouvelles enquêtes, de proposer des grilles d'analyse et d'organiser des controverses. Destiné à suivre en toute indépendance l'ensemble des acteurs, de prendre au sérieux tous les arguments et de consigner les événements marquants du dossier, ce dispositif n'aura pas vocation à trancher entre un impératif de consensus ou la nécessité d'un dissensus ­ partage que l'on voit se réengendrer sur de multiples dossiers marqués par la lutte entre des « anti » et des « pro » (eg. le nucléaire et les nanotechnologies). Il fonctionnera plutôt comme un outil collectif permettant, à partir de sources ouvertes, l'explicitation des points d'accord et de désaccord, et favorisant par la même la réappropriation de l'épaisseur du dossier, de ses enjeux passés, présents et futurs, par les nouvelles générations, aussi bien de chercheurs que de citoyens.

 

Mise à jour le Mercredi, 08 Décembre 2010 14:07